Origine et histoire du Château de Jarnioux
Le château de Jarnioux est un ancien château fort fondé à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, profondément remanié du XVe au XVIIe siècle, qui se dresse sur la commune de Jarnioux dans le Rhône, en Auvergne‑Rhône‑Alpes. Il fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du 16 mai 1966 ; seuls l'ensemble des façades et toitures sont inscrits, et le site avec le parc l'est également. Situé à l'extrémité du bourg, à flanc de coteau sur une crête dominant la vallée du Morgon et le vallon de l'Ombre, il se trouve au nord‑ouest de Lyon. Le nom de Jarnioux dérive du latin Gernioscus, désignant un domaine ayant appartenu au gallo‑romain Gernios.
La première mention connue du château date de 1284 ; il est fondé par la famille de Gleteins, qui se dit seigneur de Jarnioux depuis au moins 1286 et fait hommage au sire de Beaujeu en 1320 puis en 1380. La famille de Gleteins, originaire de la Dombes, possède le fief de la fin du XIIIe siècle au milieu du XVe siècle : Simon de Gleteins, mort en 1329, est coseigneur, et Louis de Gleteins, chevalier de l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem, fait don d'un millier d'écus pour la construction d'un pont sur l'Azergues. Vers 1497, Albert de Gleteins profite du passage de l'armée de Charles VIII pour piller les villages alentour et doit payer une lourde rançon à l'abbé d'Ainay, qui assiège le château.
La seigneurie passe ensuite aux Propières jusqu'au milieu du XVIe siècle, puis entre dans la famille Henry : Guillaume et son frère Jean sont coseigneurs, Jean Henry (d.), mort en 1593, devient seul seigneur et occupe la charge de receveur général de plusieurs provinces. Les descendants Henry comprennent Guyot, qui mène une carrière militaire, puis François et son fils Guillaume, tous deux avocats au parlement de Paris ; Guillaume épouse en 1692 Louise du Mellier mais n'a pas d'enfant. Catherine Henry épouse en secondes noces Claude Ménardeau, seigneur de Champré et doyen de la grand‑chambre ; les portraits de ce dernier, rapportés par les sources, le présentent sous un jour peu flatteur. Leur fille et héritière, Marie Renée Ménardeau, épouse François Louis de Lostanges, chevalier et marquis de Béduer ; leur sixième fils Laurent, dit le « chevalier de Beduer », hérite de Jarnioux et sert comme lieutenant‑colonel, tandis que Louis de Lostanges (1734‑1758), seigneur de Jarnioux, est tué à la bataille de Lutzelberg. Jacques Michel Sahuc de Planhol acquiert ensuite la seigneurie ; trésorier de France en la généralité de Grenoble, il épouse en 1747 Marie Anne Vaquet. En 1779, Charlotte Sahuc de Planhol (1756‑1830), fille et héritière, épouse Gabriel de Clavière (1747‑1824), conseiller du roi ; leurs descendants sont encore propriétaires et le château est parfois appelé « château de Clavière ».
Le monument présente une enceinte pentagonale dominée du côté de l'attaque par un grand donjon cylindrique ; les autres angles sont pourvus de tours rondes. Une barbacane carrée, précédée de deux flanquements circulaires et fermée par une tour‑porte qui commandait un pont‑levis, protégeait l'ensemble, et une chapelle castrale établie au‑dessus de l'entrée principale assurait une protection symbolique. Le château rassemble des bâtiments de styles différents, témoins des remaniements successifs : la construction d'origine, en pierres dorées du Beaujolais, remonte au XIIIe siècle, et six tours, dont le donjon qui atteint trente mètres, ont été ajoutées par la suite. Une aile Renaissance serait l'œuvre de l'architecte lyonnais Philibert Delorme. L'entrée monumentale comportait un pont‑levis aujourd'hui remplacé par un pont de maçonnerie dont subsistent des traces visibles ; au‑dessus de la porte figurent les armoiries de la famille Henry. Les armoiries des familles liées au château — Henry, Lostanges, Sahuc de Planhol et Clavière — sont décrites dans les sources, et la bibliographie ancienne et locale documente l'histoire et la seigneurie de Jarnioux.